Octobre rose : Ne regarde pas mon foulard comme ça !
- Le Mar 25 oct 2016
- Dans La poésie de la semaine
- 4 commentaires
Pour les femmes qui chaque jour se battent contre le cancer. Ce poème, remarqué par l’association Stop au Cancer en 2014, est publié ici à l’occasion de ce mois d’octobre aux couleurs d’un ruban rose d’espoir et de courage.
Ne regarde pas
mon foulard comme ça !
Tu passes et tes yeux le toisent.
Tu détournes le regard :
je suis déjà un fantôme.
Sais-tu que le soir
je serre un enfant dans mes bras,
un bébé d’un an
qui ne se souviendra plus
de sa maman
si
cette fichue araignée
tisse sa toile
sous ce crâne nu ?
Ne regarde pas
mon foulard comme ça !
Tu passes et tes yeux le toisent.
Je me lève chaque matin,
je prends le train
pour aller travailler
car je veux continuer
même si, je le sais,
les forces
m'abandonnent
et ce boulot,
je vais devoir le lâcher.
Ne regarde pas
mon foulard comme ça !
Tu passes et tes yeux le toisent.
Je préférerais le jeter
ce tissu et retrouver
le paysage familier
de mes longs
cheveux
bouclés.
Je voudrais
qu’on dessine
mille foulards colorés,
parfumés et brodés,
pour orner nos visages
de guerrières sages.
Que les gens le regardent
comme le symbole d’un combat
quand sous nos sourires et nos pas
nous continuons à vivre.
Ne regarde pas
mon foulard comme ça !
Tu passes et tes yeux le toisent.
Et toi,
l'échappé du regard,
tu n'as pa vu ?
Je ris, je souris
et je chante.
Quand on n'a plus que quelques mois,
on connaît le prix de chaque heure.
Ne regarde pas
mon foulard comme ça !
Tu passes et tes yeux le toisent.
Je ne suis pas contagieuse.
Le seul virus à te passer,
c'est la force d’aimer.
Reçois
mon sourire,
qu'il t'inspire
la vie !
© Sandra Dulier 2014
Plus proche du " pansement " que de l’accessoire de mode. Pour certaines, plus une nécessité qu’une envie de le porter. Des femmes m’ont avoué qu’elles n’osaient se regarder dans un miroir avant de l’avoir mis, par peur de croiser leur crâne sans cheveux, appuyé par ce regard dénudé de tous cils et sourcils.
Qu’il soit souriant, doux, compatissant, solidaire mais hélas aussi curieux, commentateur, rieur par ignorance, apeuré ou tout simplement méchant… le regard des autres, n’est pas anodin dans leur perception du foulard et de l’image qu’il renvoie de leur cancer. Devenu malgré lui le symbole d’une maladie, ce foulard nous rappelle que ses femmes sont des amazones, engagées dans un combat impitoyable, au nom de la vie, la leur. Mais avec ou sans cheveux, avec ou sans foulard, chassez de votre esprit, l’image faussée par les regards ignares et malsains des uns, et tournez-vous vers les regards bienveillants des autres.
Car belles vous étiez, belles vous êtes et belles vous serez !
Je vous invite à découvrir le très joli texte de Sandra Dulier Ne regarde pas mon foulard comme ça…
Merci Sandra pour cette très belle et émouvante participation, à l’atelier de "l’Écriture solidaire" avec notre partenaire Ipagination.
Hervé TISSIER, pour le blog Stop au cancer
Un témoignage de vie et de combat
Suite à une séparation douloureuse, Julia n’a plus qu’une envie : "vivre et aimer". Lorsqu’elle se découvre une grosseur au sein droit, commence alors pour elle un enchaînement d’examens médicaux. Julia va être blessée dans sa chair. Pourra-t-elle encore "exister et être désirée" comme avant ?
Carine GEERTS, Julia, éd. Brumerge, ISBN: 978-2-917745-75-5, Illustration © Pierre Paul Nélis. Blog de Carine GEERTS
D’autres suggestions de lecture ? Laissez un commentaire et je les publierai peut-être ici :
Le cancer. Le monde vacille et se teinte de couleurs incertaines. Écrire "Agir et accueillir" a d’abord été une manière de négocier avec les fantômes. Il ne suffisait pas de sortir de soi, il fallait encore pousser d’autres portes, partir se balader sur les chemins de ronde des rêves et de l’imaginaire, et y inviter les autres. "Agir et accueillir"... depuis fin 2008, ces mots ont été mes guides. Ce sont eux qui continuent à me faire avancer. Six années ont passé et je tiens plus ou moins la route. En attestent les dernières pages, écrites dans un nouveau présent forcément relié à l'ancien.
Martine ROUHART, Agir et accueillir, éd. Brumerge, ISBN: 978-2-37544-001-8, Illustration © Liebaert.
Commentaires
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- 1. pascale Le Sam 29 oct 2016
Merveilleux texte que le votre Sandra
Sujet et cause pas toujours facile à exprimer
Et à partager, votre façon de le faire est très belle
je vous adresse le mien, simplement par gout de partage
Belle soirée bises amicales
Plein de rubans Rose
En ce mois de l’année
Pour soutien qui se dépose
Auprès de toutes celles touchées
Mais également en prévention
Face à cette terrible maladie
Un chemin pour la féminité
Afin de mener le combat
Face au fléau de trop d’années
Sous de douloureux dégâts
Pour que puisse avancer
La recherche à plus grands pas
Un long liseré couleur rosé
Glissant loin des épreuves
Et douleurs de cette «saleté»
Que plus de larmes ne pleuvent
Ni de familles tourmentées
Par les sourires qui se couvrent
Un cordon tout de rose
Pour un prochain octobre
Sans nœud, sans doses
Au cœur sous de sombres
Inquiétudes,l'appréhension
Envolée pour savourer la vie
Quelques mots couchés
Pour toutes les personnes
Qui peuvent être concernées
Un bout de ruban rose
Couleur et nom d'une fleur
Pour qu'elle éclose
Octobre2016
Sur le chemin de mes mots
@copyright456L-
- Sandra DulierLe Dim 30 oct 2016
Merci Pascale pour ce texte plein de sensibilité.
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- 2. Marie-Line DELAY Le Mer 26 oct 2016
Bonjour Sandra,
Ce texte est magnifique, un soutien certain par une vraie écoute pour ces femmes dans leur combat, une ode à leur courage.
Sourire à la vie même quand elle ne tient qu'à un fil...
Avec toute mon Amitié Sandra.-
- Sandra DulierLe Mer 26 oct 2016
Merci Marie-Line pour votre lecture. Il n'est pas évident de parler "au nom de", j'ai donc commencé l'écriture par un objet transitoire, laissant mon cœur de femme parler. J'avais reçu sur Ipagination de nombreux commentaires de personnes ayant vécu ou côtoyé la maladie. J'étais inquiète de manquer de justesse. Les auteurs et lecteurs Ipagination et enfin Hervé Tissier, de l'association Stop au cancer, me rassurèrent... Cette parole de femme, même fictive, fut une écriture silencieuse et fluide, malgré le thème délicat. Qu'Octobre Rose soit espoir ! Belle fin de semaine à vous.
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